L'IA au service des Collectivités Territoriales : Défis, Initiatives & Perspectives
L’Intelligence Artificielle, s’affranchir des mythes
Fortement rependu, le terme “Intelligence Artificielle” désigne un ensemble de méthodes mathématiques et algorithmes visant à permettre aux machines de simuler ou de s’inspirer des processus cognitifs des êtres humains. Loin des idées reçues, son objectif ne tend pas à devenir plus performant que l’humain, et de le remplacer. Sa vocation réelle aspire bien plus à accompagner et épauler les experts sur certains sujets précis.
Maximiser l’efficacité énergétique, perfectionner le rendement des services publics et des infrastructures, ou encore améliorer la qualité de vie des citoyens en France, autant d’exemples illustrant le potentiel de l’Intelligence Artificielle (IA) dans la conception des villes intelligentes ! Cependant, comme toute technologie disruptive émergente, il est nécessaire de la maîtriser avant de la déployer pleinement.
La mise à disposition de la donnée, en nombre et en qualité (valide, actuelle, non biaisée, correctement étiquetée), a véritablement fait office de point de bascule dans la portée de l’Intelligence Artificielle aux yeux du monde. En grand volume, ces données permettent une exploitation transversale, avec bien plus de valeurs lorsqu’elles sont croisées avec d’autres.
L’intelligence artificielle comme levier de transformation
L’Union Européenne, de concert avec le Gouvernement Français, nourrit l’aspiration à conférer une position prépondérante à l’intelligence artificielle dans la vie de ses citoyens. Dans cette perspective, il est manifeste qu’elle favorise les initiatives en milieu laboratoire qui s’épanouiront prochainement. On peut alors évoquer l’initiative Albert, nouvel instrument d’intelligence artificielle générative soutenu par le Gouvernement, conçu par une équipe d’experts au sein du pôle Datalab, qui devrait voir le jour prochainement.
Cette démarche visant à encourager l’exploitation de l’Intelligence Artificielle à destination des fonctionnaires et des civils, s’harmonise avec la vision de l’État, telle qu’exprimée dans son plan d’investissement « France 2030″ : mieux vivre, mieux produire, mieux comprendre ». Il en est de même pour les villes connectées, où le Gouvernement multiplie les appels à projets, le développement de plateformes ainsi que les labellisations, convaincu que cette technologie sera un vecteur d’amélioration de la qualité de vie des citoyens, de renforcement de l’attractivité des villes françaises, et parallèlement, de stimulation de la croissance économique.
Cette adoption de l’Intelligence Artificielle par les collectivités territoriales rencontre néanmoins encore des freins :
- D’abord sur le plan technique où la mise en place d’un système d’information robuste et la gestion de données structurées sont des prérequis indispensables, nécessitant un travail interne coordonné par la direction des systèmes d’information.
- Ensuite sur la question de l’investissement, où des solutions prêtes à l’emploi ne répondant pas toujours aux besoins spécifiques ; Il est alors essentiel de considérer des écosystèmes d’innovation pour dépasser les modèles d’investissements traditionnels.
- Enfin, d’un point de vue fonctionnement, le lancement d’un projet d’IA exige une vision transverse au sein de l’administration territoriale, avec une approche différente des métiers traditionnels. Des échanges approfondis et un accompagnement par des spécialistes du domaine peuvent faciliter cette transition.
Il est impératif de promouvoir une véritable assimilation de l’IA afin de la positionner en tant qu’outil de soutien aux services, et non de remplacement.
Dans quelle mesure l’IA peut-elle assister les collectivités ?
Cette croissance rapide de l’Intelligence Artificielle souligne l’urgence de développer une expertise approfondie et une compréhension adéquate de cette technologie avant de l’implémenter à grande échelle, et de garantir une utilisation optimale et sécurisée.
Point d’attention : Le RGPD défini par l’Union Européenne sur l’ensemble des organismes. L’utilisation massives dont l’IA se nourrit pour permettre son développement, peut rapidement être considéré comme une violation de la vie privée des citoyens si celle-ci ne se conforme pas aux normes établies par l’UE. Il est donc nécessaire de trouver un juste milieu entre respect des lois et avancement technologique.
Dans cette perspective, l’approche européenne se concentre sur “l’excellence et la confiance, visant à renforcer la recherche et les capacités industrielles tout en garantissant la sécurité et les droits fondamentaux”[1]. En ce sens, l’Union Européenne tend à mettre en place des textes de lois soutenant une approche commune puisque, tout comme l’Etat Français, le développement des villes intelligentes est perçu comme une nécessité au même titre que la protection de données sensibles de ses citoyens. La mise en place de ce règlement ambitionne de concevoir une utilisation de l’IA responsable et respectueuse des droits fondamentaux.
Dans les faits, et dans l’ordre d’une utilisation éthique, l’IA facilitera l’exploitation de la data, trop massive pour une gestion à dimension humaine. Quelques soient les enjeux actuels qui rythment le développement des territoires (énergie, déchets, qualité de l’air, bâtiments, gestion de l’eau…) l’IA permettra un développement plus rapide et plus ambitieux sans oublier que les collectivités ont des moyens souvent limités pour traiter les données.
[1] L’approche Européenne concernant l’Intelligence Artificielle, 31 janvier 2024, https://digital-strategy.ec.europa.eu/fr/policies/european-approach-artificial-intelligence